Texte de Germain Viatte

Cher Alexandre Baldrei,

Ce mot pour vous dire combien j’ai été heureux de découvrir vos travaux le 5 février 2019.

Nous nous connaissions seulement pour avoir échangé quelques propos sur nos goûts communs, et notamment sur notre intérêt pour les arts, la littérature et le cinéma japonais. C’est dire qu’il s’agissait vraiment d’une découverte.

Le lieu dont vous disposez n’est pas vaste mais j’ai d’emblée aimé ces œuvres de formats différents, petites ou pouvant couvrir de grandes surfaces et dialoguant entre elles sans artifices.

Éparses sur les murs, elles appartenaient à l’évidence à une même réflexion, à une conception physique et mentale cohérente, faisant corps dans la durée du travail effectué. Cette pratique est d’ordre philosophique.

D’un coup d’œil sur la table on devinait la modestie et la fragilité apparente des matériaux utilisés, des papiers extrêmement fins, de couleurs parentes ou contrastées, inlassablement inscrits de signes répétitifs, découpés, roulés, superposés préparant puis assemblant ce qui s’apparente ainsi à un poème visuel. Les « mots » de ce « texte »  forment un tissu auquel vous donnez des limites précises ou bien ouvertes comme des appels. Ils font archipel et c’est d’ailleurs, je crois, le titre que vous donnez à un ensemble de formes assemblées qui semblent évoquer quelque continent perdu, peuplé de macules hasardeuses, dues, m’avez-vous dit, à des épaisseurs variables de la colle dont vous maîtrisez les effets.

Ils confèrent à celui qui les déchiffre le mystère d’un palimpseste. La géométrie d’autres assemblages, monochromes, est, malgré leurs dimensions modestes, comme la trace d’une archéologie anonyme. Il y a là un cosmos infini, le revers d’un ciel obscur, d’un champ d’étoiles que vous explorez d’ailleurs en le désignant comme le « field » d’un « land art » miniaturisé et d’autant plus spatial …

Et vous m’avez montré le début d’un travail en volume qui s’apparente, avec votre modestie, à la recherche d’un Buckminster Fuller perdu dans les sables…  C’est dire, 
peut-être, que l’on vous souhaite de pouvoir disposer de temps et d’espace pour pouvoir « transformer l’essai », ce qui pour tout artiste, et à n’importe quel âge, devient de temps en temps urgent.

A vous, bien amicalement,
Germain Viatte

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